Invité par le collectif HUB, Romain Boulay plaque sur le Blockhaus du Hub, une seconde peau, lui donnant un éclairage totalement nouveau, aussi formel que réjouissant.

Perdu au milieu des immeubles neufs, chics et colorés, proches de l'ancienne fare de l'Etat, le Blockhaus, où est hébergé le collectif Hub, fait figure de point noir sur un peau parfaite. En béton brut, massif, monolithique, il marque de sa présence l'histoire du lieu. Il est devenu depuis plusieurs années maintenant l'un des espaces les plus créatifs de la ville. Chaque année, le collectif Hub propose à un artiste d'intervenir sur (ou dans) le lieu.

L'installation mise en place par Romain Boulay joue un étrange dialogue entre art, architecture, sculpture, philosophie. « Habillant » trois faces du blockhaus d'une peau en ondulé transparent, Boulay donne à l'architecture guerrière une signification totalement différente, contemporaine, proche de ce que Lacaton et Vassal ont réalisé pour l'école d'architecture. C'est comme s'il établissait un nouveau camouflage, une intégration formelle et moqueuse, jouant sur les paradoxe de l'être et du paraître, du visible et de l'invisible, du contenant et du contenu, de l'individuel et du collectif... Le sens, la forme, l'histoire, la perception s'inversent et se tournent, se courbent et se distillent comme les lumières de la nuit sur le plastique ondulé plaqué sur un blockhaus perdu sur une ancienne prairie au Duc.

Christophe Cesbron